Investir dans l’avenir : mobiliser les capitaux et les partenaires en vue d’une transition énergétique durable
Nous avons la capacité d’injecter des billions de dollars dans un futur énergétique résilient – si nous réussissons à gérer les incertitudes et les risques liés aux projets et aux investissements.
L’argent est là, mais où sont les projets?
Un futur énergétique plus propre et sécuritaire demandera l’engagement de billions de dollars de capitaux. La nécessité de mobiliser les fonds et les marchés pour permettre la transition énergétique était l’une des conclusions majeures du rapport ONDE DE CHOC de GHD, l’une des plus vastes études jamais effectuées auprès de chefs de file du secteur mondial de l’énergie. Cela signifie qu’il faudra trouver des moyens de réduire les obstacles et les incertitudes qui empêchent les capitaux d’affluer vers les projets et les technologies qui transformeront le système énergétique. Une meilleure collaboration et une plus grande harmonisation entre les principaux acteurs du secteur de l’énergie devront également être favorisées.
Il est intéressant de noter que l’étude ONDE DE CHOC a révélé que l’accès insuffisant au financement ne représentait pas la cause première de la crise énergétique mondiale actuelle. En fait, les capitaux seraient disponibles, mais ils ne sont pas investis. Pourquoi? La réponse réside dans les divers profils de risques liés aux investissements dans la transition énergétique à travers le monde. Ces risques se présentent sous différentes formes, comme les incertitudes concernant la planification des projets, l’éducation publique, l’engagement des parties prenantes, les processus de délivrance des permis et approbations, les politiques à l’échelle nationale ou locale, le financement et les mesures incitatives, l’accès aux technologies ou les chaînes d’approvisionnement.
Il faut s’attaquer à ces risques afin de créer des occasions d’investissement plus attrayantes pour les bailleurs de fonds des secteurs public et privé. Cela nécessitera des cadres politiques et réglementaires judicieux favorisant le rendement des investissements à long terme dans les infrastructures énergétiques. Les investisseurs devront également reconnaître que la résilience de ces infrastructures est plus qu’une question d’ESG – c’est un investissement intelligent dans la conduite des affaires au 21e siècle.
Accorder une priorité absolue à l’atténuation des risques dans les profils d’investissement
Selon le rapport ONDE DE CHOC, 80 % des répondants et répondantes croient que l’insuffisance de capitaux investis dans l’accélération de la transition constitue le principal obstacle à la mise en place des infrastructures requises pour améliorer la sécurité énergétique. En même temps, les investisseurs recherchent des occasions de miser sur des infrastructures qui respectent les critères d’ESG et de durabilité. Cette situation suggère un déséquilibre entre l’offre et la demande de capitaux pour les projets de transition énergétique. Comment pouvons-nous combler ce fossé?
L’une des solutions consiste à relier directement les investisseurs aux entreprises du secteur de l’énergie afin de permettre une réelle collaboration et des partenariats inédits. Cette transformation de la façon dont le financement d’un projet est conçu et structuré aiderait potentiellement à satisfaire le goût du risque d’investisseurs effacés, mais extrêmement influents, comme les fonds de pension. La discordance actuelle entre l’appétit des investisseurs et les projets finançables révèle la nécessité non seulement d’améliorer les profils de risque, mais aussi d’opérer un changement de mentalité sur la manière dont les parties prenantes des deux côtés (investissement et développement) sont réunies pour leur bénéfice mutuel. La circularité est toujours présente : là où un secteur est à la recherche de capitaux pour exécuter des projets exploitant leurs compétences, un autre secteur se demande où sont les projets propices à l’investissement.
Ce fossé entre l’investissement et le développement se retrouve partout dans le monde. Il arrive souvent que des projets prometteurs soient annoncés, pour n’être suivis que d’une progression très lente ou même d’une inaction totale. Cette inertie est observée lorsque les risques sont exacerbés et méconnus. Afin d’encourager la collaboration entre les développeurs de projets et les investisseurs en mettant l’accent sur les facteurs ESG, des occasions d’investissement plus attrayantes peuvent être créées en activant certains leviers : des stratégies d’investissement public et privé, des obligations vertes et d’autres instruments financiers durables, ainsi que des modèles de financement innovants, comme l’investissement à retombées sociales.
Faciliter les processus de délivrance des permis pour accélérer l’adoption de nouvelles technologies
Une autre stratégie utile pour atténuer les profils de risque des investissements consiste à tirer profit des nouvelles technologies et approches qui réduisent les coûts, améliorent l’efficacité et renforcent la fiabilité de l’approvisionnement énergétique. Notre rapport ONDE DE CHOC montre que 62 % des répondants et répondantes ont indiqué une augmentation modérée ou importante des investissements dans les technologies nouvelles ou de transition, respectivement, soulignant l’intérêt grandissant à l’égard des solutions innovantes pour faire progresser la transition énergétique.
L’hydrogène, le captage et le stockage de carbone, le stockage d’énergie à grande échelle et les réseaux intelligents font partie des technologies émergentes reconnues par les répondants et répondantes de l’étude ONDE DE CHOC comme ayant le plus haut potentiel de transformation du système énergétique et de création de nouvelles possibilités d’investissement. Cependant, ces technologies font face à des obstacles tels que les longs temps d’attente entre la conception et la mise en œuvre.
Si le contexte réglementaire est cohérent, l’incertitude politique est ainsi réduite, et les processus très importants de délivrance des permis sont bien compris et peuvent être suivis plus facilement. En ce moment, l’absence d’un processus de délivrance de permis clair, rapide et adapté constitue une entrave majeure à la transition énergétique. Pour réellement exploiter le potentiel des technologies de transition, la mise en place de systèmes réglementaires qui conviennent mieux aux nuances et à la complexité de ces technologies (contrairement à l’approche universelle actuelle) doit être accélérée. De plus, les processus de délivrance de permis doivent également être activés afin de réduire considérablement la période qui sépare l’innovation de la commercialisation et de la mise en œuvre. L’un des principaux éléments d’un processus de délivrance de permis plus rapide réside dans une consultation efficace des parties prenantes et un engagement auprès des communautés dans lesquelles ces projets seront hébergés pendant des décennies. Il s’agit d’une question extrêmement complexe qui exige autant de compétences techniques que d’habiletés de communication.
La force de la collaboration, de la cohérence et de la pensée systémique
Le rapport ONDE DE CHOC révèle également le besoin de renforcer la collaboration entre les entreprises du secteur de l’énergie afin de bâtir un système plus résilient. Il montre une répartition presque équivalente entre les répondants et répondantes ayant augmenté leurs investissements dans l’atteinte de la carboneutralité (47 %), et ceux les ayant diminués (39 %), ce qui témoigne de la complexité et de la diversité du système à travers le monde. Un système plus résilient exige que toutes ses composantes – objectifs et actions – soient alignées sur un résultat commun.
Une autre façon d’atténuer les risques de la transition énergétique serait d’établir des cadres politiques cohérents, transparents et sécurisants, qui encouragent les investissements et favorisent les innovations technologiques. La transition énergétique dépend des politiques pour guider ses orientations et son rythme, en raison de leur influence sur les sentiments des investisseurs et les comportements des marchés. Cependant, les politiques peuvent aussi constituer une source d’incertitude et d’instabilité si elles sont incohérentes ou inappropriées. Des priorités politiques changeantes, des normes internationales contradictoires et l’absence de mécanismes fondés sur le marché peuvent notamment nuire au déploiement de technologies durables, entraînant une réticence à engager des ressources dans des projets à long terme.
La mise en œuvre varie également d’un pays à l’autre, créant des disparités dans les progrès de la transition énergétique. Par exemple, la Loi sur la réduction de l’inflation de 2022 aux États-Unis a posé un défi au reste du monde en détournant potentiellement les investissements dans la transition énergétique des autres marchés pour les diriger vers les États-Unis. Cela met en évidence la nécessité d’adopter une approche planétaire unifiée à l’égard des politiques énergétiques, qui tient compte des intérêts nationaux diversifiés tout en s’attaquant à un problème mondial.
Pour faciliter la transition énergétique, il est primordial d’établir des politiques stables, fédératrices et tournées vers l’avenir, qui s’alignent sur les normes et les objectifs mondiaux. En harmonisant les normes internationales et en envoyant des signaux clairs et cohérents, les gouvernements ainsi que les décideurs et décideuses politiques peuvent raffermir la confiance des investisseurs et favoriser un écosystème énergétique robuste qui propulsera le secteur vers l’avant.
En outre, des discussions de fond et de grande portée lors d’événements internationaux comme les Conférences des Parties (COP) des Nations Unies sont essentielles pour faciliter cet alignement à l’échelle mondiale. Ces événements fournissent l’occasion d’atténuer les risques de la transition énergétique grâce à des politiques cohérentes qui permettent aux pays de travailler ensemble, assurant que la communauté mondiale puisse faire front commun face aux défis et aux possibilités de la transition énergétique.
Garder le cap sur les objectifs de carboneutralité
Malgré les défis auxquels est confronté le secteur de l’énergie, le rapport ONDE DE CHOC dévoile un élément positif : 91 % des leaders en énergie ayant répondu au sondage s’efforcent d’atteindre les objectifs de carboneutralité. Cela démontre un engagement fort à l’égard de la transition, et une reconnaissance claire de son importance. Cependant, ONDE DE CHOC met aussi en évidence le besoin d’accélérer nos efforts, de simplifier les processus et de réduire les obstacles afin de concrétiser nos ambitions de carboneutralité, et souligne la nécessité d’atténuer les risques liés aux investissements dans la transition énergétique en éliminant les incertitudes.
Nous pouvons y parvenir en collaborant et en harmonisant nos objectifs avec les principaux joueurs en matière d’énergie dans les secteurs public et privé, tout en établissant des cadres politiques cohérents, transparents et sécurisants, qui encouragent les investissements et favorisent les innovations technologiques.
Ces tâches, bien qu’intimidantes, sont réalisables. Elles demandent une vision, un leadership et des gestes concrets de la part de toutes les parties prenantes concernées. En adoptant une nouvelle mentalité quant à notre façon de participer au système énergétique et nos obligations, nous pouvons stimuler le progrès rapide requis sur la voie de la carboneutralité.
En harmonisant les normes internationales et en envoyant des signaux clairs et cohérents, les gouvernements ainsi que les décideurs et décideuses politiques peuvent raffermir la confiance des investisseurs et favoriser un écosystème énergétique robuste qui propulsera le secteur vers l’avant.